L'Edith Piaf de Joëlle Deniot  est illustrée par 41 encres gouaches et fusains de Mireille-Petit-Choubrac, Grand oeuvre d'anthropo-sémiologie de l'art, Edith Piaf, la voix le geste l'icône Esquisse anthropologique,*est paru le 28 aoüt 2012 au Livredart Paris.

La préface de Jacky Réault est intégralement co-éditée sur www.lestamp.com

 Lire, comme prélude   Images pour une voix, le langage scénique d'Edith Piaf in J Deniot, J Réault, Espaces, Temps et territoires. Lestamp-Edition Nantes 2010, disponible sur www.sociologie-cultures.com

 Ce livre peut-être emprunté à la Bibliothèque de sociologie et à la Bibliothèque Universitaire, Il entre dans les bibliographie des cours de M1 de Sociologie de l'art  notamment pour cet article de J. Deniot, et pour celui de Léonard Delmaire, et du cours -Espaces-temps des politiques culturelles, pour l'article de J Réault

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Interview débat de J Luc Giraud par Laurent Danchin à La Vinaigrerie le samedi 17 novembre à 16 heures Le Pellerin (cliquer)

Encre et gouache de Mireille Petit-Choubrac pour L'Edith Piaf de Joëlle Deniot Avril 2010 Copyrigt Lestamp Edition

 

 

 

 

Sur la supposée restitution des œuvres d’art africaines par  Emmanuel Macron balayant les lois de la République.

 

I- Quel grand dépeçage à la fois sadique et masochiste du patrimoine de la nation ?

 

Par Jacky REAULT

jacky.reault.saint-denis.2017

 

        II     Les articles de Didier Rykner dans La Tribune de l’art

 

Où l’on pourra admirer les superbes illustrations.

 

https://www.latribunedelart.com/rapport-sur-les-restitutions-rendons-tout-dieu-reconnaitra-les-sien

 

https://www.latribunedelart.com/emmanuel-macron-met-fin-a-l-inalienabilite-des-collections-publiques

 

 

Cher Benoît,

 

Extraits de la lettre accompagnant l’envoi de deux articles de la revue (ci-dessous) 30 novembre 2018 par Jacky Réault

 

J’avais vu passer un article plus sommaire sur cette nouvelle manifestation de repentance masochiste instrumentalisée, mâtinée de renvoi d’ascenseur sordide aux bailleurs de fond de la campagne.

 Ces deux textes sont remarquablement complets et précis, mais pour moi ils désignent plus largement la seule stratégie claire de Mr Macron, dont les motivations m’échappent (outre l’ivresse d’un pouvoir sans limite) entre haine de notre histoire et mystique d’une utopie euro-mondialiste à contre-pied de toute sanction réelle.

Tout se présente comme si, à mes yeux, il s’agissait de dissoudre ce pays, (cf. son alliance avec Boucheron (qui l’ennoblit en l’indexant à  Machiavel) l’ « historien » de l’abolition de l’Histoire de France qui ne serait plus que terra nullius du Monde entier sauf nous).

 

Entre une Histoire coloniale réduite à une fable trotskyste (nous sommes les heureux colonisés de Rome et la colonisation est un phénomène historique universel), un empire du mal collectionnant les « crimes contre l’humanité », que l’on dénonce à l’étranger, les uniques acteurs  de la Traite alors qu’il n’y eut pas un esclave qui n’ait été payé aux royaumes noirs esclavagistes qui se faisaient des guerres immémoriales pour cela bien avant qu’une trentaine de ports européens arabes (bien plus longtemps) ne valorise l’aubaine en ajoutant (à l’occident) le productivisme capitaliste aux Amériques . Etc., il n’est jusqu’au lexique de cette affaire pourrie qui ne dise autre chose d’infâme (le terme de « restitution » n’a été utilisé que pour les spoliations nazies des biens juifs et qu’à donc en tête, cette pseudo experte en rajoutant « dans la joie », entre masochisme et sadisme.. cf. de surcroît l’hymne européen... le Graal de Macron...Heureusement l’Allemagne se méfie.

 

Il y a une semaine Frédéric Mitterrand refusant d’abonder dans l’acharnement (de repentance) des idéologues de France Culture, précisait à propos d’un précédent retour (dûment justifié au cas par cas) don d’Etat, qu’effectivement toutes les pièces avaient disparu dans les six mois suivants perdues à jamais, entre marché noir collectionneurs privés et délabrement, aux dépens de la mémoire africaine même..

Macron veut verrouiller tout ce qu’il peut par des faits accomplis...d’autant plus énervé qu’il ne pourra pas tout.  Il est beaucoup plus nocif encore que Hollande quoique peut-être (pas sûr) plus prudent sur le sociétal...

Comment au même moment ne pas évoquer le sidérant  profil bas des autorités françaises concernant Carlos Goshn, (génial manager, seulement trop sûr de lui...qui a mis d’un coup Renault et Nissan au bord du dépôt de bilan, au premier rang mondial) et la lâcheté de ses congénères patronaux tellement « à l’international », également déshonorants. Cet aplatissement face à ce qui est d'évidence un montage à façade juridique (aucune charge précise ne peut être avancée) pour reprendre l’affaire à la hussarde (c’est fait), assorti d'une cruauté d'un autre âge (incarcération de lynchage spectaculaire) pour intimider définitivement, augure mal de l'avenir international de notre pays et de notre économie, abstraction faire de l’encouragement à un impérialisme nippon plus que renaissant.. . Sans souveraineté affirmée et sans narcissisme minimum, il n'y a plus de sujet politique et à plus forte raison géopolitique. Hélas il semble que ce soit le seul grand objectif stratégique de Mr Macron. Et nous qui croyions avoir touché le fond avec Hollande... Jusqu'où ?

 

(Ajout à la mise en site 1° déc 2017). Ce précédent pourrait ouvrir à la plus grande spoliation de notre Histoire, lorsque des gouvernements désormais aliénés à la norme européenne, auront vendu tous les autres "bijoux de famille" du patrimoine bâti, ce qui est déjà en cours notamment depuis le règne précédent.

 

Rapport sur les restitutions : rendons tout, Dieu reconnaîtra les siens

 

Didier Rykner  mardi 20 novembre 2018   99 commentaires

1. Bénédicte Savoy lors de sa conférence sur
les restitutions au Festival de l’Histoire de
l’Art 2018, à Fontainebleau
Photo : Didier Rykner

Voir l´image dans sa page

En confiant à Bénédicte Savoy et à Felwine Sarr un rapport sur la « restitution » des œuvres d’art africaines à l’Afrique (terme très connoté puisqu’il présuppose que les œuvres sont illégalement conservées en France), le Président de la République prenait, à notre sens, un véritable risque pour les musées. Car si un rapport, comme nous l’a précisé l’Élysée à ce propos, « a seulement comme vocation à éclairer une réflexion » - en l’occurrence « celle que le président avait lancée à l’occasion du discours de Ouagadougou » - et s’il « n’engage absolument pas sa politique », on peut craindre que la teneur de celui-ci ne mette la France dans une position intenable.

Le choix de ces deux personnalités devait fatalement aboutir aux préconisations très inquiétantes de leur rapport. Bénédicte Savoy ne s’en était pas cachée à peine la mission annoncée : elle était favorable aux restitutions « dans la joie [1] », et elle n’hésitait pas (ill. 1) au dernier Festival de l’Histoire de l’Art (comme elle le fait dans le rapport) à citer un film américain de super-héros (Black Panthers) pour argumenter. Un peu comme si on citait Spiderman pour un rapport sur la sécurité nucléaire…
Quant à Felwine Sarr, proche des Indigènes de la République et fervent défenseur de Tariq Ramadan, il ne fallait évidemment rien attendre d’autre de lui qu’une proposition de « restitutions » massives.

Le rapport sera donc remis officiellement vendredi et publié dans la foulée par un éditeur privé. L’Élysée nous a en effet précisé qu’un rapport remis au Président de la République n’a pas vocation à être publié, mais que ses auteurs, en l’occurrence des universitaires, conservent leur droit d’auteur et peuvent le diffuser par ailleurs [2].hypocrisie Ceux-ci s’étant vu adjoindre une fonctionnaire du ministère de la Culture (payée donc par le ministère) et s’étant largement promenés dans les pays africains (Bénin, Sénégal, Mali et Cameroun) comme ils l’expliquent dans leur rapport que nous avons pu nous procurer, le tout - même s’ils ne sont pas rémunérés par cette mission comme nous l’a également précisé l’Élysée - nous semble éminemment discutable, quoique légal.
Si le rapport rendu est heureusement en français, nous n’avons pu en consulter que la version anglaise. Nous donnerons donc notre propre traduction (et le texte en anglais) qui différera sans doute à la marge de celui qui sera publié, puisqu’il résultera d’un passage du français à l’anglais, puis de l’anglais au français.

Avant de passer au contenu de ce rapport et à la manière dont il a été rédigé, cédons la parole à Maître Yves-Bernard Debie, avocat en droit du commerce de l’Art et des biens culturels : « ce rapport est vicié et donc inopérant et sans effet dans la mesure où la mission confiée par le Président de la République, qui prévoyait notamment l’obligation pour les rapporteurs de consulter le «  marché de l’art  », n’a pas été respectée. Aucun marchand d’Art premier français n’a été consulté. »
L’avocat ajoute encore : « 
pour autant que je sache, le traitement réservé aux Musées n’a guère été plus éclairé puisque Madame Savoy et Monsieur Sarr se sont contentés de leur demander de dresser et «  géo-localiser  » une liste d’oeuvres africaines à restituer. On est bien loin d’un «  groupe de travail, international et paritaire, engageant un dialogue transparent et participatif  » que prévoyait la mission ».

Nous pouvons également préciser que la lettre de mission signée par Emmanuel Macron précisait bien qu’il s’agissait de « constituer autour des rapporteurs un groupe de personnalités de bonne volonté, issues des différentes parties prenantes de cette question (musées et conservation du patrimoine, droit international, recherche, organisations internationales, milieu associatif, politique et militant, marché de l’art, etc.) qui puissent exprimer des points de vue diversifiés et ouverts sur cette question ». Or, si l’on en croit la méthode décrite dans le rapport, non seulement ce groupe de personnalités représentant toutes les parties prenantes n’a jamais existé, mais seules deux réunions d’un groupe de « critical friends » ont été organisées. Le premier réunissait le 26 mars 2018 seulement six personnes, dont le juriste ayant aidé les rapporteurs, la directrice du Musée Dapper, le président du Musée du Quai Branly, le directeur artistique du SAVVY Contemporary Berlin et surtout Louis-Georges Tin et Marie-Cécile Zinsou, deux personnalités particulièrement revendicatives sur les restitutions. On doit pouvoir faire mieux en terme de représentativité... La deuxième (et dernière) réunion de ce groupe réunissait à peu près les mêmes personnes, y compris bien sûr Louis-Georges Tin et Marie-Cécile Zinsou. La demande du Président de la République a été entièrement bafouée.

Comme l’a révélé Le Point (qui semble être le premier à avoir pu consulter le rapport) : pour Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, il ne peut y avoir de restitutions que « définitives », pas temporaires contrairement à ce que suggérait le Président de la République. Tout le rapport n’envisage donc que des retours définitifs en Afrique des œuvres d’art des musées français (il n’aborde pas directement la question des collections particulières).

Si la première partie se penche essentiellement sur des considérations générales concernant l’entrée des œuvres dans les collections nationales, pas un seul instant les auteurs ne mettent en perspective la complexité de l’histoire coloniale, par exemple en rappelant, comme on pouvait le lire sur ce site (voir l’article), que la partition entre le bien et le mal est parfois un peu plus complexe que la manière dont ils voient les choses. Mais comment le leur reprocher quand celui qui a parlé de « crime contre l’humanité » à propos de la colonisation est bien Emmanuel Macron. 
Pourtant, les rapporteurs ne basent pas leur raisonnement favorable aux restitutions explicitement sur la repentance (même si elle imprègne tout le document). La justification la plus importante pour eux est le chiffre de 90%, soit la proportion d’œuvres d’art africaines qui seraient actuellement conservées hors d’Afrique (le rapport parle uniquement de l’Afrique sub-saharienne). Un chiffre invérifiable pris depuis longtemps comme une vérité, qui suffirait à rendre différent le cas de l’art africain, et donc applicables seulement à celui-ci les solutions drastiques qu’ils préconisent.

 

2. Statue du Dieu Gou, vers 1858
Voir l´image dans sa page

Celles-ci sont simples : on rend tout, ou presque, comme le titrait Le Point, et ceci quelles que soient les lois, internationales ou nationales, sur lesquelles ils s’assoient allègrement. Les lois internationales, comme celle qui veut que la pratique du pillage des biens culturels pendant les campagnes militaires n’a cessé d’être légal qu’en 1899, avec la signature de la convention de La Haye par vingt-quatre nations ? Ils les reconnaissent, mais s’en affranchissent. Les lois nationales comme l’inaliénabilité du patrimoine des musées français ? Ils proposent de les changer (même si leur solution n’est guère juridiquement concluante).
On rend tout, donc, en classant les œuvres de la manière suivante :

 tous les objets provenant de campagnes militaires, à savoir : 
* la campagne de Segou en 1890 (aujourd’hui au Mali), 
* la campagne d’Abomey en 1892,
* les représailles contre Samory Touré en 1898 [3], 
* mais aussi plus généralement tous les objets provenant de prises de guerre d’autres armées que l’armée française, ou les objets donnés aux musées français par des officiers et des médecins militaires impliqués dans les opérations militaires,
doivent être restitués. Les seules exceptions (pour la dernière catégorie) sont ceux pour lesquels des preuves impliquent le consentement.

La recommandation précise même que tous ces objets doivent être restitués « en dépit de leur statut juridique de trophées militaires obtenus avant l’adoption en 1899 de la première Convention de La Haye codifiant les lois de la guerre ». En gros : ce n’est en rien illégal, mais il faut le rendre quand même.

 tous les objets provenant de missions scientifiques doivent être rendus « sauf s’il y a des preuves explicites ou des informations témoignant du plein consentement de la part des propriétaires ou des gardiens des objets au moment où ils en ont été séparés [4]. Sous prétexte (et ils ne citent pour toute preuve qu’un texte de Michel Leiris) qu’il y a eu des missions qui ont réellement volé des œuvres, toutes celles-ci doivent être restituées, en renversant d’ailleurs la charge de la preuve.

 tous les dons effectués aux musées français par des agents du gouvernement français colonial ou leurs descendants si le consentement du vendeur original ne peut pas être attesté [5]

 tous les objets acquis après 1960 (l’indépendance) dont il est prouvé qu’ils ont été acquis via un trafic illicite. Il ne s’agit ici de rien d’autre que de l’application de la loi, à laquelle nous n’avons rien à redire.

Ce que Felwine Sarr, qui est sénégalais, ne précise pas, alors que le rapport s’indigne - pour une fois à raison - que des pièces prêtées par le musée d’Art Africain de Dakar à la France en 1935, 1957 et 1967 ne lui aient pas été rendues, c’est s’il va demander à ce musée dont une partie des collections, qui ne relèvent pas du Sénégal mais de pays voisins, fut constituée à l’époque coloniale, la restitution de ces biens « mal-acquis ».


 

3. Collier Ségou, avant 1933
CVoir l´image dans sa page


Il n’est donc pas exagéré d’écrire que la préconisation du rapport Savoy-Sfarr est de rendre tout, ou presque. Et les modalités de restitution ne traînent pas. 
Il s’agit en effet de restituer « 
d’une manière rapide et complète et sans recherches approfondies concernant leur provenance ou origine, de tous les objets pris par force ou présumé acquis dans des conditions inéquitables [6] » On rend tout, et on se préoccupe de savoir si c’est justifié après. 
Seuls pourront être conservées dans les musées français les œuvres africaines dont il a pu être prouvé un libre consentement et une transaction documentée et équitable, et celles acquises après 1970 (si, bien sûr, aucun « 
risque éthique » n’a été pris…). Bref, si ce rapport est appliqué, l’État va pouvoir vendre le bâtiment de Jean Nouvel. Quant au Louvre, il va pouvoir rapidement récupérer le Pavillon des Sessions actuellement affecté à quelques-uns des plus beaux objets africains.


4. Défense sculptée
Nigéria, Voir l´image dans sa page


Les délais seront d’ailleurs rapides, puisque la préconisation du rapport est qu’entre novembre 2018 (nous y sommes) et le printemps 2019, autant dire demain, la première phase des restitutions, soit menée, c’est à dire notamment celle de toutes les statues royales d’Abomey au Bénin (y compris celle du roi Gou - ill. 2-, pillée par le roi Glélé à une ethnie plus au nord…) ou au Sénégal du sabre d’El Hadj Omar Tall (Musée de l’Armée), de tous les objets conservés au Musée d’histoire naturelle du Havre, et des colliers (ill. 3), pendants, perles et médaillons du Musée du Quai Branly, de différentes pièces importantes au Nigéria (ill. 4), au Mali (ill. 5), à l’Éthiopie, au Cameroun (ill. 6)… Beaucoup de pays qui, par parenthèse, n’ont d’ailleurs formulé aucune demande de restitutions…
La deuxième phase - du printemps 2019 à novembre 2022 - consistera notamment en un inventaire précis des œuvres, à leur numérisation et à la réunion de commissions chargées d’examiner les demandes de restitution. Les restitutions pourront donc se poursuivre « 
dans la joie » et se terminer, mais pas forcément en novembre 2022 puisque : « la procédure de restitutions ne doit pas être limitée dans le temps ».


 

5. Masque zoomorphe
Mali, avant 1930


Pour restituer, les rapporteurs veulent tout de même se donner l’apparence de la légalité. Ce qui suppose de changer la loi, ce qu’ils estiment manifestement possible de faire entre fin novembre et le printemps 2019, puisque les premières restitutions devront avoir eu lieu à cette date.

Pour dire le vrai, le rapport est tout sauf clair sur la manière d’y parvenir (ce qui, d’une certaine façon, est plutôt rassurant). En effet, il n’est pas possible légalement de prétendre que les œuvres sont entrées illégalement dans les collections (ce qui permettrait de passer outre la loi sur l’inaliénabilité). Le contexte des acquisitions, selon leurs propres termes « ne sont pas légalement qualifiables de crimes d’après les lois internationales, à la différence des spoliations nazies pour lesquels un acte juridique spécifique a été mis en place, et des pillages et destructions qui ont eu lieu après la convention de l’UNESCO de 1954 pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé [7] ».

Que faire alors ? Rien de plus simple : « Il est certainement légitime de poser la question d’une loi pour la restitution des objets emportés dans des circonstances similaires et des actes de violence commis pendant la période coloniale. [8] »  Ils proposent donc qu’un accord « bilatéral [9] » soit passé qui établirait « l’exemption du principe général d’inaliénabilité et qui limiterait [la nouvelle procédure de restitution] à cette seule hypothèse [10]. 
Ce bricolage législatif ne sera d’ailleurs : « 
pas limité aux objets conservés dans les musées [11]. ». On ne sait trop ce que cela signifie, mais il est probable que les collectionneurs privés ont des soucis à se faire.

Où seront conservées les œuvres « restituées » ? Le rapport n’aborde pas la question de la capacité des pays à conserver les œuvres, et pour cause : le musée, c’est très surfait : « Les objets pourraient trouver place dans des centres d’art, des musées d’université, des écoles, ou même au centre de communautés pour des usages rituels, avec la possibilité de les utiliser alternativement avec un retour dans des centres locaux chargés de leur préservation [12] » ; Il faut en effet - c’est écrit plus loin - « démystifier les notions occidentales d’héritage culturel et de préservation [13] ! ». On sait ce qu’il advient de ce type de considération quand on se rappelle que les 144 œuvres envoyées du musée de Tervuren en Belgique au musée de Kinshasa en 1975 ont pour l’essentiel disparu. Les auteurs parlent de cette affaire mais occultent soigneusement la disparition de ces objets pour regretter qu’il n’y en ait eu que 144 restitués au lieu des 122 000 inventoriés à Tervuren. On peut juger, à l’aune de cette omission, l’honnêteté intellectuelle de ce rapport [14]. Un peu plus loin d’ailleurs, le rapport précise que « Dans beaucoup de sociétés africaines, les statues aussi périssent [15] ». Ce qui est d’ailleurs exact. Mais plutôt que de considérer justement que les œuvres conservées par les musées européens ont été sauvées de cette destruction, on envisage froidement que leur restitution aboutisse ainsi à la disparition à laquelle elles étaient vouées…

Quelles suite le Président de la République va-t-il donner à un tel rapport - qui, nous a-t-on dit, ne l’engage pas ? On aimerait croire qu’il aura le courage de faire la seule chose sensée qui s’impose : le mettre directement à la poubelle. Mais on peut hélas tout craindre de sa part, d’autant que la publication va déclencher immanquablement de fortes réactions des partisans des restitutions qui, faute de connaître le dossier, et certains d’être dans le camp du bien, sont de plus en plus nombreux. Les événements le dépassent, il est à craindre qu’il feigne de les organiser.

 Didier Rykner

Notes

[1] Voir cette tribune du Monde : « Restitution du patrimoine africain « Il faut y aller dans la joie » ». Le rapport emploie également l’expression « restitution joyeuse et consentante » (« happy and consented restitution »).

[2] Ce que nous a confirmé l’éditeur.

[3] Ils sont conservés au musée de l’Armée et ont été confisqués sur un territoire correspondant à la Guinée et la Côte d’Ivoire, mais le rapport ne dit pas à quel pays les restituer…

[4] « unless there is explicit evidence or information witnessing to the full consent on the part of the owners or initial guardians of the objects at the moment when the objects were separated from them.  » [sic].

[5] Remarquons ici que la version anglaise s’emmêle les pinceaux puisqu’on peut y lire : « as long as consent on behalf of the original seller can be can be attested [sic]. »

[6] « in a swift and thorough manner without any supplementary research regarding their provenance or origins, of any objects taken by force or presumed to be acquired through inequitable condition »

[7] they are not legally quantifiable as crimes under international law, in contrast to the Nazi spoils for which a specific juridical act was placed into effect, and the plundering and destruction that happened after the UNESCO Convention of 1954 for the protection of cultural heritage items in case of armed conflict

[8] « it is certainly legitimate to pose the question of a law for the restitution of objects taken under similar circumstances and acts of violence committed during the colonial period. »

[9] Il est évidemment impossible de passer un accord bilatéral avec plusieurs pays ; il s’agit bien sûr ici de plusieurs accords « bilatéraux », avec autant de pays concernés, ce qui rend la procédure encore moins exceptionnelle.

[10] « the exemption of the general principle of inalienability and limits it to this sole hypothesis »

[11] « not be limited to objects only housed in museums.

[12] « the objects could find their place within art centers, university museums, schools, or even at the center of the communities for ritual uses, with the possibility of an oscillating use and return of the objects to local centers charged with their preservation. »

[13] « demystify Western notions of cultural heritage and preservation »

[14] On peut l’apprécier également, par exemple, quand il parle de la « mémoire encore très vive » de la « fin du royaume d’Abomey », sans même évoquer la mémoire également très vive de la ville de Kétou libérée des rois d’Abomey par l’armée du colonel Dodds, et qui fêtait naguère encore le centenaire de cette libération (voir l’article).

[15] « In a number of African societies, statues also perish ».

Mots-clés

Paris, Musée du Quai Branly Revendications et restitutions d’œuvres d’art Inaliénabilité et aliénabilité

https://www.latribunedelart.com/emmanuel-macron-met-fin-a-l-inalienabilite-des-collections-publiques

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Emmanuel Macron met fin à l’inaliénabilité des collections publiques

 

Didier Rykner  vendredi 23 novembre 2018

Ce que vient de faire le Président de la République est extrêmement grave. Sans attendre un processus législatif forcément long et d’ailleurs à l’issue incertaine, il décide, lui tout seul, dans son coin, le jour même de la remise du rapport Savoy-Farr dont nous avons démontré ici la manière dont il était biaisé et avait été mené sans même respecter les consignes qu’il avait donné, d’offrir au Bénin vingt-six œuvres appartenant aux collections publiques françaises.


 

Sossa Dede
Statue royale anthropo-zoomorphe, entre 1889 et 1892
Voir l´image dans sa page


Nous renvoyons à l’article qu’avait écrit sur notre site Yves-Bernard Debie pour comprendre de quoi il s’agit. Ces œuvres, prises de guerre effectuées en 1892 contre un roi qui n’avait pas hésité à mettre le peuple Yoruba en esclavage (celui-ci fut délivré par le colonel Dodds, et la place du centenaire de la Libération de Kétou célèbre ce fait d’arme), sont tout à fait légalement conservées au Musée du Quai Branly et au Louvre selon les lois internationales. Ajoutons qu’au moins une sculpture qui sera « restituée » au Bénin a été pillée par le roi Glélé, père de Behanzin, à Doumè, une ville plus au nord.

La déclaration faite par Emmanuel Macron est scandaleuse parce que les collections publiques sont inaliénables et que s’il pouvait dire qu’il souhaite que ces objets soient donnés au Bénin, il n’a aucun droit de le décréter. En gros, le Président nous dit que l’État, c’est lui, en piétinant sans vergogne les lois de la République. Le communiqué de l’Élysée précise que : « les mesures opérationnelles, et le cas échéant législatives, seront prises pour que ces œuvres puissent retourner au Bénin ». Ce « le cas échéant » est admirable, concernant une mesure actuellement parfaitement illégale. En prétendant que l’envoi de ces œuvres au Bénin est « une proposition du musée du Quai Branly », l’Élysée ne recule par ailleurs pas devant une grosse contre-vérité : s’il reste très prudent officiellement (il est fonctionnaire...) nous savons de source certaine que Stéphane Martin est furieux du contenu du rapport et qu’il n’a certainement pas proposé le don « sans tarder » de vingt-six œuvres du musée qu’il dirige.

Comment, demain, refuser aux autres pays, et pas seulement aux pays d’Afrique sub-saharienne, le transfert des œuvres des collections nationales, quand un petit état comme le Bénin est si favorisé ? Déjà, les musées marocains s’interrogent : pourquoi pas nous ? (voir ici), tandis qu’un journal algérien comprend que « Macron veut tout rendre », y compris à l’Algérie (et pourquoi pas ?, l’Algérie a elle aussi été colonisée). 
Demain donc, comment résister aux demandes de la Chine et lui refuser ce qu’on aura accordé à des pays sans grand pouvoir politique ou économique ? L’expression « boite de Pandore » est sans doute galvaudée, mais elle est pourtant ici parfaitement adaptée.

On peut se demander pourquoi Emmanuel Macron décide ainsi, sans réflexion autre que son bon vouloir, de restituer « sans tarder » les œuvres du Bénin. La question est légitime lorsque l’on sait que l’une des personnes les plus actives pour demander ces « restitutions » est Marie-Cécile Zinsou, fille de Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin. Or, Lionel Zinsou et Emmanuel Macron se connaissent bien. Comme on peut le lire dans cet article du Monde, « Lionel Zinsou connaît le président français nouvellement élu pour avoir travaillé avec lui à la banque Rothschild et avoir été l’un de ses soutiens durant la campagne ».

  Le journal L’Opinion est encore plus précis : « Après avoir côtoyé brièvement Emmanuel Macron chez Rothschild, le Franco-béninois a eu recours à ses services, comme banquier conseil, quand il dirigeait PAI, et a continué à le fréquenter quand le futur président était à l’Élysée puis à Bercy. Il a ensuite soutenu le candidat En Marche ! pendant la campagne présidentielle ». La Tribune Afrique compte même Lionel Zinsou comme un des « hommes du Président ».

Où, d’ailleurs, seront exposées les œuvres venant de France ? Au Palais d’Abomey où les œuvres actuellement conservées le sont dans de très mauvaises conditions ? Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Marie-Cécile Zinsou qui expliquait en 2016 : « Ceux qui ont visité le Musée d’Abomey savent à quel point tout est à l’avenant. Les objets sont en mauvais état, le système électrique est hors d’âge, les cartels sont de plus en plus illisibles, les hautes herbes défigurent le palais de Behanzin, les bas reliefs s’effritent… » ! En 2016 toujours, dans un autre journal béninois, La Nouvelle Tribune, elle expliquait, à propos d’un trône de Behanzin acheté par la Fondation Zinsou : « En voyant l’état des musées [béninois] aujourd’hui, il n’est pas possible de l’exposer dans un musée national. Il va être dégradé dangereusement comme les autres œuvres. L’idée n’est pas d’aller chercher des objets, de les maintenir, de soutenir le patrimoine, de les documenter… tout ça pour après les mettre dans les termites, dans une salle où il n’y a pas de fenêtre, pas de contrôle climat, aucune sécurité ». De là à penser que les vingt-six œuvres à rendre « sans tarder » seront exposées à la Fondation Zinsou, il n’y a qu’un pas.  

Il n’y a donc finalement rien d’étonnant à ce qu’Emmanuel Macron prenne des libertés avec le code du Patrimoine et un principe, celui de l’inaliénabilité des collections publiques françaises, qui existe depuis le XVIe siècle. Après tout, si c’est pour faire plaisir à un ami…

 Didier Rykner

Mots-clés

Paris, Musée du Quai Branly Inaliénabilité et aliénabilité

ARTICLE PRÉCÉDENTRapport sur les restitutions : rendons tout, Dieu reconnaîtra les siens

SUGGESTIONS

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C’est, hélas, une nouvelle bataille qui va devoir s’engager sur le front des musées français, et malheureusement celle-ci était prévue depuis longtemps. Dans la lettre de mission remise aujourd’hui au…

Didier Rykner  1er août 2007  Brèves, Musées

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Nouvelle attaque de députés contre l’inaliénabilité des œuvres d’art

Faut-il, absolument, accorder de l’importance à toutes les propositions de loi ridicules ou stupides ? Rappelons que contrairement aux projets de loi, celles-ci ne viennent pas du gouvernement mais…

Didier Rykner  8 février 2016 Musées, Politique

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Manuscrits coréens : la fin de l’inaliénabilité ?

C’est une décision lourde de conséquences pour le patrimoine - une de plus - qu’a prise Nicolas Sarkozy lors de son voyage à Séoul en marge du G 20. On s’en doutait mais les révélations de Vincent Noce…

Didier Rykner  18 novembre 2010 Éditorial

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Bonne lecture et à très vite,

 

Benoît.

 

 

2017

 

Les voeux du LESTAMP

Communiqué 

 

voeux.du.lestamp.2017.la.beaute.survit.a.la.sociologie.

La Dame à l'hermine, huile sur bois de Léonard de Vinci, 1489-1490  

- Crédits photo : Wikimedia Commons -Atelier LESTAMP

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Publications ouvertes aux étudiants du master culture.

NORMES DE PUBLICATION


Les articles ne devront pas dépasser 15000 signes, espaces compris.  L’intégration de documents photographiques sous format JPEG  est la bienvenue. Nous pouvons aussi envisager la réalisation d’insertions sonores, décisives pour certains sujets culturels. Les notes et les références bibliographiques doivent être établies selon le système « français », en bas de page et numérotées de façon  continue.

Soumission des textes
Les propositions d’articles doivent être envoyées par voie électronique, en format word à
joelle.deniot@wanadoo.fr ou bien à jacky.reault@wanadoo.fr Pour le premier contact, il suffit de faire une brève présentation d'environ 1500 signes maximum de la thématique envisagée. Une réponse vous sera faite à ce premier envoi.

 

-I-

Benoît Tellez

http://www.lestamp.com

 

Titulaire du Master EPIC

 

Little Nemo emprunté à Wikipedia

Little Nemo via Wikipedia

 

Rêves et cauchemars de la modernité américaine, sociologie de l'oeuvre en songes de Winsor McCay

 

Thèse Université de Franche-Comté à Besançon (Dir. J Deniot, C3S)

 

Léonard Delmaire

Master EPIC 1 2005-6; Master EPIC2, 2006-7)

Entre passé présent et conditionnel le temps incertain du goût musical -Texte intégral, extrait de J. Deniot, J. Réault, avec L Delmaire, Espace-Temps et territoires. Cahiers du Lestamp N° 2
Cliquer-Ici

 

-II-

Antoine Baczkowski

Master EPIC 1 2006-7  

 
Cliquer- Ici

 

Evènements

ETE 2014

DENIOT REAULT MOUCHTOURIS EROS ET LIBERTE LE MANUSCRIT 2014

Nantes

Semaine du 4 au 10 mars 2013

 

a la Galerie Atelier-Expo

14 rue Joseph Caillé

http://atelierexponantes.blogspot.fr/2013/01/mireille-petit-choubrac-exposition.html  ,

 se déroulera l'exposition des dessins, encres, gouaches, fusains, de Mireille Petit-Choubrac qui a illustré le livre Edith Piaf, la voix le geste l'icône.. Paris, Le livredart (cliquer).

 

Le vendredi 8 mars

lors du vernissage (18 h 30), Laurent Danchin, critique d'art, animera  à partir de 19 h 15 15 une table ronde qui permettra à l'artiste, à  l'auteur, Joëlle Deniot, et à son préfacier, Jacky Réault, d'expliciter le sens et les enjeux artistiques, sociologiques et anthropologiques d'un tel ouvrage.

 

Que signifie l'insertion pérennisée dans une culture populaire et commune française  comme universelle, de la voix iconisée et des chanson d'Edith Piaf ?  

 

 Quel est le statut intellectuel d'un tel ouvrage très singulier entre sciences sociales revisitées et culture commune ?

Un débat sera ouvert avec la salle à l'issue duquel la chanteuse Violaine Guénec et l'accordéoniste Bertrand Bugel interpréteront des chansons d'Edith Piaf.

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La table ronde le 7 septembre à la Galerie Delta à Paris autour du livre de Joëlle Deniot, Edith Piaf, la voix le geste l'icone Esquisse anthropologique et du vernissage de l'exposition de l'illustratrice, l'artiste nazairienne Mireille Petit Choubrac

Cliquez sur l'image pour accéder au Youtube de 26 minutes.

Laurent Danchin critique d'art, Joëlle Deniot, Jacky Réault  Galerie Delta 7 septembre 2012

 

 Sciences sociales Transmission et humanités Quel déni ? Quelles dettes ? Anthropologie Histoire Philosophie Sociologie  Etudes grecques, latines Langues civilisations                           L'urgence de s'interroger sur les transmissions effectives dans une société qui se définit dans la l'immanence d'un présent et la fuite illusoire dans le projet

La sixième édition de L'Eté du Lestamp (quatrième du Lestamp-Habiter-Pips) se déroulera à Nantes les 27, 28, 29 juin 2011 Soumettre les propositions à                   joelle.deniot@wanadoo.fr  ou  jacky.reault@wanadoo.fr - ou 06 88 54 77 34  

 

 

    

L'ORCHESTRE NATIONAL DE BARBES

> 15 ans de scène !

 

Jeudi 14 mars - 21h > Chapiteau Maboul Distorsion

Avec plus de 1 000 concerts à son actif, cette joyeuse bande de musiciens nord africains, portugais et français d'en haut, d'en bas et d'à côté, sillonne les scènes du monde entier. D'Oslo à Tarbes, de Londres à Montévideo, les gens dansent et se laissent emporter par la french touch trans maghrebine du combo parisien. L'ONB fête, avec énergie, ses 15 ans de scène entre rock, chaabi et raï, pour un moment festif et rassembleur !

Tout public – 1h30

Tarif unique : 20 € - Uniquement en prévente

Location : FNAC, Carrefour, Géant, Magasins U, Intermarché - 0 892 68 36 22 (0,34 €/min)

 

 

 



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